Ukraine : Où sont les mercenaires africains partis combattre la Russie ?
Le 27 février 2022, l’Ukraine avait annoncé qu’environ 20 000 « volontaires » provenant de 52 Etats avaient été recrutés pour participer à sa guerre contre la Russie. Les recrutements avaient été effectués via les comptes Facebook de ses représentations diplomatiques dans 112 Etats, y compris en Afrique.
Plusieurs États africains, dont le Sénégal et le Nigeria avaient appelé l’Ukraine à cesser de recruter des « volontaires » sur leurs territoires, rappelant que le recrutement et l’entraînement de mercenaires est prohibé par la Convention Internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’entraînement des Mercenaires (A/RES/44/34) du 4 décembre 1989. Une convention qui a pourtant été ratifiée par l’Ukraine le 13 septembre 1993.
115 Nigérians et 36 Sénégalais avaient été enrôlés par l’Ukraine selon les autorités locales. Considérant que l’Ukraine possède 19 représentations diplomatiques en Afrique, et que les volontaires ont été promis 3 000 € par mois, il est probable que plusieurs centaines, voire des milliers d’Africains aient été enrôlés en 2022[1]Ukraine: Ambassades et Consulats, Embassy Pages, https://www.embassypages.com/ukraine_fr (accèdée le 18 mai 2022) https://www.embassypages.com/ukraine_fr ; Bridget Chiedu Onochie and Sodiq … En savoir plus.
Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, que sont devenus ces mercenaires ?
Notre article « Aide militaire à l’Ukraine, un danger pour l’Afrique ? » proposait que les mercenaires ayant survécu vont un jour ou l’autre retourner dans leurs pays d’origine, et risquent d’y exercer des activités criminelles ou de mercenariat. En particulier dans les régions à haut taux de chômages et de pauvretés et où les salaires des forces de sécurité sont peu attractifs.
Le phénomène rappelle l’impact des anciens combattants en Afrique, comme ceux revenus des conflits en Libye qui intègreront le CSP-DPA, ou la participation d’anciens criminelles de guerre libériens à la « Guerre Civile Ivoirienne », dont Kuku Dennis et Sam Bockarie.
Par ailleurs, plusieurs exemples, notamment le massacre de Thiaroye, ou les demandeurs d’asiles enrôlés par Israël dans sa guerre génocidaire contre le peuple Palestinien, ont révélé que les Etats employant des mercenaires africains tenaient rarement leurs promesses[2]Selon «Haaretz», l’armée israélienne recrute des demandeurs d’asile africains pour combattre à Gaza, RFI, 16 septembre 2024, … En savoir plus. Ainsi, est-il possible que les mercenaires partie en Ukraine n’aient pas reçu leurs compensations financières, ou pire ?
Enfin, à leurs retours, une partie des mercenaires souffrant de troubles du stress post-traumatique ou de graves séquelles physiques, constitueront des défis sécuritaires et sanitaires qu’il faut anticiper.
