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Afrique: pénurie d’instituts de recherche en RI et en sécurité

Afrique-Recherche: Pénurie d'institus de recherche en Relations internationales et en Sécurité

L’Afrique fait face à de nombreux défis majeurs en matière de relations internationales (RI) et de sécurité. Pourtant, on constate une absence d’instituts de recherche africains spécialisés dans ces domaines, capables de conseiller les États. La majorité des instituts de recherche s’intéressant à ces questions en Afrique sont occidentaux. Pourquoi cette situation persiste-t-elle alors que la région fait face à des crises sécuritaires complexes, des guerres civiles, du terrorisme, de l’ingérence étrangère, et des dynamiques géopolitiques changeantes ?

Le poids historique et les influences extérieures

Le premier facteur expliquant cette absence est historique. Durant la période coloniale, les priorités académiques étaient axées sur les besoins des puissances colonisatrices. Les colonies africaines étaient souvent réduites à des zones d’exploitation économique ou géostratégique. Les disciplines comme les relations internationales et la sécurité, essentielles pour comprendre les enjeux globaux, étaient considérées comme des sujets réservés aux puissances européennes. À l’indépendance, beaucoup de pays africains ont hérité de systèmes éducatifs qui étaient encore largement orientés vers l’Occident. Ceux-ci sont toujours dominé par des livres scolaires et programmes occidentaux.

Ensuite, les puissances mondiales ont souvent externalisé les études sur l’Afrique. La plupart des analyses des relations internationales africaines proviennent de centres situés en Europe ou en Amérique du Nord. Ce modèle de dépendance a limité le développement de centres d’expertise localisés sur le continent. Les narratifs sur la sécurité africaine ont souvent été construits par des experts étrangers, limitant les perspectives locales.

Le manque de financement et de ressources allouées aux Instituts de recherche

Créer des instituts de recherche spécialisés demande des investissements importants, tant en termes de financement que de ressources humaines. Or, la plupart des pays africains sont confrontés à d’importantes fuites de capitaux, notamment dans le domaine de l’exploitation des ressources naturelles, créant de faibles revenus fiscaux et donc, de faibles budgets d’Etats. De fait, les Etats finissent par dépendre de prêts et d’aides étrangères pour financer leurs budgets annuels. Dans ce contexte, les budgets alloués à la recherche académique, en particulier dans des domaines comme les relations internationales ou la sécurité, sont souvent minimes voire inexistants.

En conséquence, les universités et centres de recherche du continent manquent de moyens pour attirer des chercheurs de haut niveau, créer des programmes solides et publier des travaux influents et afro-centrés. Cela crée un cercle vicieux : moins de ressources pour la recherche implique moins de production de savoir, et donc moins de reconnaissance et de financement.

Cette réalité à deux conséquences majeures. Une part importante des étudiants africains sont ainsi poussé à faire leurs études supérieurs en Occident. Une fois diplômé, ils auront de grands risques d’adopter les postures centrées sur les intérêts occidentaux inculqués par leurs professeurs.

D’autre part, cela pousse les initiatives locales à accepter les financements étrangers, et en particulier occidentaux, et donc, à limiter les études critiquant les politiques étrangères de leurs bienfaiteurs pour ne pas risquer une perte de financement. Cette dépendance financière est également observée dans le journalisme.

A lire : Journalisme en Afrique : Danger des financements étrangers

Le déficit de collaboration interafricaine

L’absence de réseaux de collaboration solides entre chercheurs africains dans le domaine des relations internationales et de la sécurité est un autre obstacle. Les collaborations entre chercheurs africains et internationaux existent, mais elles sont souvent déséquilibrées, laissant les experts locaux dans des rôles secondaires. Une véritable coopération panafricaine pourrait renforcer l’expertise locale et encourager la création d’instituts indépendants qui sauront éclairer les Etats.

Une opportunité à saisir

Malgré ces obstacles, avec une volonté politique accrue, des investissements dans l’éducation supérieure et la création de réseaux régionaux, le continent pourrait combler ce manque criant et développer une expertise sur ses propres enjeux sécuritaires et géopolitiques.

Soutenir les instituts de recherche indépendants comme Affaires Africaines

Dans ce contexte, des initiatives indépendantes comme Affaires Africaines jouent un rôle crucial dans la production de connaissances et l’accompagnement des États africains et de leurs populations. Affaires Africaines se positionne comme une plateforme innovante dédiée à l’analyse et à la compréhension des dynamiques politiques et sécuritaires du continent.

Contrairement aux centres de recherche traditionnellement dominés par des perspectives extérieures, ce type d’initiative offre une vision authentique et enracinée dans les réalités africaines. En soutenant des projets comme celui-ci, les acteurs africains peuvent se doter des outils nécessaires pour mieux comprendre leurs enjeux, garantir leur souveraineté et améliorer le quotidien des citoyens. Appuyer ces initiatives, c’est aussi encourager la création d’une véritable expertise africaine, essentielle pour relever les défis du futur.

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NDIAYE Karim Babacar

Diplômé d’un Master II en Relation Internationales de la National Chengchi University, (Taipei, Taiwan), Karim est spécialisé dans l’analyse des transitions démocratiques, des conflits armés et de la sécurité internationale.